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Ali baba et les quarante voleurs
Lecture - Episode 1
Il était une fois, dans une vieille cité persane, deux frères.
Kassim, l’aîné, avait épousé une femme fort désagréable, pour la seule raison qu’elle était très riche.
Kassim devint gros et paresseux, et sa femme de plus en plus revêche.
Le plus jeune, Ali Baba, était bûcheron, et il ne ressemblait pas du tout à son paresseux de frère. Il
avait épousé une jolie et aimable jeune fille, et ils eurent un fils qu’ils appelèrent Ahmad. Une jeune
orpheline, Morgiana, vivait avec eux pour les aider, et ils la considéraient comme un membre de la
famille.
Ali Baba travaillait sans relâche pour subvenir aux besoins des siens et leur assurer un confort
suffisant. Le gros Kassim et sa désagréable épouse auraient bien pu aider Ali Baba à s’acheter un
nouvel âne ou à réparer le toit, mais ils étaient trop avares pour y songer une minute.
Un jour, Ali Baba partit couper du bois près d’un énorme rocher, dans une partie de la forêt qui ne lui
était pas familière. C’était un endroit retiré, aussi, lorsqu’il entendit le galop d’un troupeau de chevaux
venant dans sa direction, il décida aussitôt qu’il ne gagnerait sans doute rien à être découvert, seul,
dans un tel lieu. Il cacha les ânes derrière un fourré et grimpa dans un grand arbre où il se dissimula
dans le feuillage épais. A peine s’était-il caché qu’une bande de brigands à la mine patibulaire arriva
devant le rocher. Ils étaient armés jusqu’aux dents de dagues et de longs cimeterres recourbés, et ils
portaient de grandes capes noires. Ali Baba en avait compté trente-neuf, lorsqu’arriva au galop, sur un
cheval noir hors d’haleine, un homme qui était manifestement leur chef. Tous les chevaux étaient
lourdement chargés, et les hommes, ayant mis pied à terre, déposèrent leurs sacoches pleines à
craquer au pied de la roche.
Puis le capitaine s’avança jusqu’au rocher. D’une voix terrible il cria : « Sésame, ouvre-toi ! » et, sous
les yeux stupéfaits d’Ali Baba, une brèche immense s’ouvrit dans l’épaisseur de la pierre. Les hommes
s’y engouffrèrent et, lorsqu’ils furent tous à l’intérieur, le capitaine entre à son tour et cria : « Sésame,
ferme-toi ! », et ce fut comme s’ils n’avaient jamais été là.
Lecture - Episode 2
Ali baba et les quarante voleurs
Les genoux d’Ali Baba tremblaient. Pensant que le féroce capitaine ne monterait aucune pitié à son
égard s’il était découvert, il décida de rester caché, priant pour que ses ânes se tinssent tranquilles.
A son grand soulagement, le rocher s’ouvrit à nouveau et les hommes sortirent, leurs sacoches vides
à la main. Ils remontèrent à cheval, et toute la bande s’enfuit au galop aussi bruyamment qu’elle était
arrivée. La poussière retomba, et le silence s’installa à nouveau dans la forêt.
Après avoir attendu qu’ils soient fort loin, Ali Baba descendit de l’arbre et courut voir ses ânes. Mais
sa curiosité fut la plus forte. Que pouvait-il bien y avoir dans cette caverne ? Il marcha avec précaution
vers le rocher. Sa paroi était aussi lisse que du marbre, et il ne put apercevoir la moindre fissure
révélant une ouverture. « Il y a de la magie là-dessous, se dit-il, mais le capitaine n’a eu qu’à prononcer
le nom d’une graine dont ma femme se sert pour faire des gâteaux », et il chuchota en tremblant :
« Sésame, ouvre-toi, s’il te plaît. » A sa grande stupéfaction, la porte d’ouvrit dans un calme roulement.
« Je vais juste jeter un coup d’œil », se dit-il en entrant dans la grotte.
Lorsque ses yeux se furent habitués à la lumière qui filtrait à travers les fentes du plafond, Ali Baba eut
le souffle coupé par la vision qui s’offrait à lui. Ce n’était pas une caverne lugubre et vie, mais une
véritable chambre aux trésors. D’immenses coffres débordaient de plats et d’assiettes d’or et d’argent,
ainsi que de pots et de gobelets finement ouvragés. Des pierres précieuses, rubis, émeraudes et
saphirs, envoyaient leurs reflets irisés sur les parois du rocher, et des rangs de perles brillaient comme
de minuscules lunes. Des sacs remplis de pièces déversaient sur le sol, des colliers de diamants et
des couronnes délicatement ciselées étaient entassés n’importe comment.
La grotte était sans aucun doute l’entrepôt des voleurs depuis plusieurs générations.
Dessine l’intérieur de la caverne :
Lecture - Episode 3
Ali baba et les quarante voleurs
Ali Baba resta un moment sans voix, puis il rassembla ses esprits. « Allah soit remercié, je vais
désormais pouvoir faire vivre ma famille pour les années à venir ! Mais je dois me hâter avant le retour
des voleurs », murmura-t-il. Le plus difficile était de choisir ! Ali Baba décida que le plus sûr était
d’emporter quelques sacs de pièce d’or. Personne n’y prêterait attention s’il prenait soin de dépenser
une pièce de temps à autre. Aussi prit-il deux petites bourses remplies d’or dans un grand sac qui se
trouvait tout au fond de la grotte et il referma la porte derrière lui en disant :
« Sésame, ferme-toi ! » Après quoi, il rentra chez lui.
Ali Baba bouillait d’impatience : il avait hâte de raconter à son épouse on aventure. Elle fut, bien sûr,
enchantée en entendant son récit, mais lorsqu’elle vit les pièces d’or s’échapper des bourses, elle
s’inquiéta. « Cela représente bien trop d’argent pour que nous le laissions traîner ! Nous devons en
garder un peu avec nous et enterrer le reste sous notre maison. Je vais aller emprunter une mesure à
notre belle-sœur pour savoir combien nous en avons caché, dit-elle.
L’épouse de Kassim était une femme très désagréable, curieuse et avare. Si curieuse qu’elle ne put
s’empêcher de se demander ce qu’Ali Baba pouvait bien posséder en telle quantité qu’il fallait le
mesurer. Alors elle colla un petit morceau de cire sous le fond de la mesure, avant de la donner à sa
belle-sœur.
Et ce fut ainsi que le secret fut découvert ! Ali Baba et sa femme pesèrent tout l’or et, après l’avoir
enfoui, allèrent rendre la mesure à la femme de Kassim. Imaginez sa rage lorsqu’elle découvrit une
pièce d’or collée dessous ! Elle courut voir son mari et lui dit qu’à coup sûr Allah les dédaignait, car
pourquoi Ali Baba et sa famille seraient-ils en possession d’une telle richesse et pas eux ?
Au lieu de se réjouir pour son frère, Kassim en devint vert de jalousie, et se précipita aussitôt chez Ali
Baba, lui hurla dessus et le menaça d’aller raconter à tout le monde que son frère était un voleur si Ali
Baba ne lui révélait pas l’origine de sa fortune.
Dessine Kassim et sa femme :
Lecture - Episode 4
Ali baba et les quarante voleurs
Ali Baba lui avoua tout. « Mais si nous faisons attention, les voleurs ne sauront jamais que leur secret
a été découvert, et nous vivrons confortablement pour le restant de nos jours ».
Cependant, Kassim était bien décidé à se tailler la part du lion. Le lendemain matin, il se mit en route
pour la grotte avec vingt ânes, chargés chacun de deux paniers vides.
Quand il fut face au rocher, il cria de toutes ses forces : « Sésame, ouvre-toi ! » et le rocher s’ouvrit.
Kassim ne put en croire ses yeux avides quand il vit toutes ses richesses. Il cria à la porte : « Sésame,
ferme-toi ! », de façon à ne pas être dérangé, et commença à rassembler de gros tas pour les emporter.
« Vingt ânes ? Ha ha ha ! Il me faudrait cent ânes ».
Quand il eut fini de remplir ses quarante paniers, il fut soudain saisi de terreur : il avait oublié la formule
qui permettait de rouvrir la porte. « Orge, ouvre-toi ! » essaya-t-il. « Froment, ouvre-toi ! ». La porte
restait fermée. Alors Kassim commença à trembler de la tête aux pieds, car il entendait, à l’extérieur,
des bruits de sabots. Les voleurs étaient de retour !
« Sésame, ouvre-toi » rugit une terrible voix. La porte s’ouvrit, et Kassim se trouva face au capitaine,
avec son cimeterre étincelant à la main et sa bande de brigands derrière lui. Ils éclatèrent de rire à la
vue de ce cambrioleur et ils le taillèrent aussitôt en six morceaux…
Puis ils vidèrent les paniers et s’assurèrent qu’il ne manquait rien d’autre dans la grotte. Bien sûr, ils
ne remarquèrent pas les quelques pièces d’or qu’Ali Baba avait prises, et furent rassurer que seul
Kassim connaissait le secret de leur caverne. Ils partirent aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, mais
ils laissèrent le corps de Kassim comme avertissement, au cas où un autre fou serait tenté de voler
leur trésor.
Pendant ce temps, la femme de Kassim attendait à la maison, se voyant déjà parée de fabuleux
colliers et bagues que son mari lui avait promis. Mais le soir venu, elle pensa qu’il était peut-être arrivé
quelque chose. Aussi, elle se rendit chez Ali Baba et lui demanda d’aller chercher son frère.
Lecture - Episode 5
Ali baba et les quarante voleurs
Ali Baba prit un âne et partit dans la forêt à la recherche de Kassim. Il ne fut pas long à découvrir la
terrible vérité et il pleura son frère en l’enveloppant du mieux qu’il pouvait dans une vieille cape qu’il
avait trouvée derrière la caverne. Bien sûr, Ali Baba réalisait parfaitement qu’en enlevant le corps de
Kassim il faisait savoir aux voleurs que quelqu’un d’autre connaissait leur secret, mais il ne pouvait
pas le laisser là. Il rentra tristement chez lui.
Dans la cité, on n’avait pas coutume d’enterrer les morts dans un cercueil : on les enveloppait dans
des tissus soyeux, ce qui était hors de question pour un corps en six morceaux.
Morgiana trouva la solution : il y avait un pauvre vieux cordonnier dans le bazar, Baba Moustafa.
Morgiana se hâta d’aller voir Baba Moustafa et lui glissa dans la main une des pièces d’or de la
caverne. « Mon maître a grand besoin de vos services pour une tâche qui doit être accomplie dans le
plus grand secret. »
Le cordonnier posa les babouches qu’il était en train de coudre et se laissa bander les yeux. Morgiana
l’amena chez Ali Baba. Lorsqu’il eut fini sa tâche hors du commun, Morgiana lui banda de nouveau les
yeux et le reconduisit au bazar. Recousu ainsi en un seul morceau, Kassim fut enterré et Ali Baba
retourna au travail, sans approcher la caverne dans la forêt.
Mais, les voleurs découvrirent bientôt que leur secret n’était pas mort avec Kassim. Quand ils
s’aperçurent que le corps s’était envolé, ils furent furieux mais aussi perplexes. Qui pouvait être assez
fou pour emporter un cadavre et laisser tous les trésors ?
Le capitaine décida d’aller dans le bazar déguisé en marchand, pour voir si quelqu’un avait entendu
parler d’un corps en six morceaux. La première personne à qui il s’adressa fut Baba Moustafa :
- Tu dois avoir de très bons yeux pour coudre de si petits points, dit le faux marchand.
- Oui, je peux faire mieux que ces petites babouches. On m’a demandé récemment de raccorder les
six morceaux d’un corps !
- Comme c’est curieux. Et où as-tu accompli ce chef-d’œuvre ?
- J’avais les yeux bandés mais il y avait des senteurs si fortes que ce devait être près du marché aux
épices.
- Je suis sûr que tu serais capable de retrouver le chemin dit le capitaine en lui montrant le lourd sac
d’or qui pendit à sa ceinture.
Lecture - Episode 6
Ali baba et les quarante voleurs
Parfois le sort est bien cruel et ce jour-là, il n’était pas en faveur d’Ali Baba, car, après plusieurs fausses
routes, Baba Moustafa conduisit le capitaine directement chez lui ! Le capitaine lui donna plusieurs
pièces d’or.
Le soir, en rentrant chez lui, Ali Baba vit un homme à la longue barbe blanche qui remontait la rue
avec une rangée d’ânes. Chacun des ânes charriait deux grosses jarres à huile. En passant près de
la maison, l’homme d’inclina et dit « Honoré Maître, je cherche un toit pour la nuit. Auriez-vous
l’amabilité de me loger ? »
Ali Baba, naturellement, accueillit l’homme sous son toit. Mais il éveilla les soupçons de Morgiana.
Lorsque le marchand sortit voir ses ânes, elle le suivit et se cacha. Elle le vit aller vers chacun de ses
ânes et murmurer : « Quand je frapperai sur le couvercle, tenez-vous prêts ! ». Puis il retourna dans la
maison et Morgiana rentra préparer le café en se demandant ce qu’il mijotait.
Soudain, la lampe de la cuisine, qui n’avait plus d’huile, s’éteignit. Mais Morgiana pensa aux jarres du
marchand. Elle courut dehors avec une louche, et, en ouvrant la première jarre, elle entendit une voix
basse dire « C’est le moment capitaine ? » et une silhouette commencer à se déplier. Elle comprit
immédiatement : dans chacune des jarres se cachait l’un des trente-neuf voleurs ! Elle décida de garder
sa découverte pour elle. « Pas encore ! « répondit-elle d’une voix aussi grave que possible, et elle
repoussa le voleur dans la jarre. Elle vérifia chacune des jarres ; seule la dernière contenait de l’huile.
Elle s’éclipsa.
Morgiana servit le café au marchand qui n’était autre que le capitaine des voleurs. Elle retourna dans
la maison et mit sa plus grosse marmite sur le feu. Elle ramena de la cour la jarre qui contenait de
l’huile et la versa entièrement dans la marmite. Dès que le liquide fut chaud, elle transporta la marmite
bouillante dans la cour. Avec précaution, elle ouvrit chacune des jarres et versa prestement de l’huile
bouillante sur chacun des brigands. Ainsi périrent les trente-neuf brigands.
Lecture - Episode 7
Ali baba et les quarante voleurs
Mais Morgiana n’en avait pas encore fini. A pas de loup, elle se glissa dans sa chambre et enleva ses
vêtements de tous les jours. Elle se drapa dans plusieurs écharpes et mis ses plus belles pantoufles
de cuir écarlate. Enfin, elle glissa un poignard sous l’une des écharpes. Vous pouvez vous imaginer la
surprise d’Ali Baba lorsqu’il vit Morgiana entrer en virevoltant dans la pièce où il prenait le café avec le
marchand ! Elle commença à parcourir la pièce en dansant, tandis qu’Ali Baba se demandait quelle
mouche l’avait piquée. Elle tournoyait, ses écharpes flottant derrière elle, s’approchant de plus en plus
du marchand d’huile, qui semblait ravi. Soudain, elle fondit sur lui et lui plongea son poignard dans le
cœur.
Ali Baba bondit, horrifié. Sa femme et Ahmad accoururent. Morgiana se pencha et arracha la fausse
barbe blanche, démasquant ainsi le capitaine des voleurs. « Ô toi, que les remerciements pleuvent
sur toi ! cria Ali Baba. Sans ta sagesse et ta perspicacité, nous serions tous morts dans notre lit », et il
continua ainsi, encore et encore (il faut dire qu’il avait eu une frayeur épouvantable).
Le lendemain matin, avant le lever du jour, Ali Baba conduisit les ânes, chargés de leurs jarres et
d’un gros paquet (c’était le capitaine), au sommet d’une immense falaise qui surplombait une rivière
au courant tumultueux. Là, il fit rouler les jarres et le gros paquet dans le vide, et c’est ainsi que
finirent les quarante voleurs.
De longues, longues lunes plus tard, il retourna à la caverne. L’herbe avait poussé devant l’entrée,
personne n’était venu là depuis longtemps. Les années passant, il allait y prendre un peu d’or de temps
en temps, juste ce dont il avait besoin. Ali Baba et sa famille, et avec eux la perspicace Morgiana,
vécurent de nombreuses années dans une confortable aisance. Mais ils furent toujours prêts à
accueillir des voyageurs épuisés – à condition que Morgiana les ait approuvés, bien sûr.